C’est dans le cadre de mon travail de formatrice dans l’enseignement agricole que je me suis intéressée aux plantes sauvages compagnes des champs de céréales, les messicoles, une flore remarquable encore bien présente sur nos causses lozériens.
Voici un extrait d’un article que j’ai écrit il y a quelques années pour présenter cette thématique méconnue des plantes messicoles aux lecteurs de la revue « l’Encre Verte » :
« A l’image des animaux que l’on qualifiait de « nuisibles » dans des temps révolus, il est des herbes que l’on dit « mauvaises » parce qu’elles poussent au coeur des cultures où le sauvage n’a pas droit de cité. Certaines d’entre elles, les messicoles, se sont fait une spécialité du champ cultivé de céréales, c’est le cas du bleuet, du coquelicot ou de la nielle des blés. Oubliées des listes de protection officielles, elles ont été longtemps négligées par les naturalistes, qui préféraient s’intéresser aux espaces moins « artificialisés ». Il faut dire que ces plantes sont pour la plupart des « étrangères » : passagères clandestines de l’agriculture, leurs graines se sont mêlées aux grains de céréales ; elles nous viennent ainsi du croissant fertile (Moyen-Orient) ou des espaces peu à peu gagnés par la révolution néolithique. Aujourd’hui leur statut est ambigu : elles trainent derrière elles un parfum d’indésirables, bannies par l’idéologie du « champ propre », et elles font dans le même temps partie intégrante de notre patrimoine culturel, évoquant souvenirs champêtres colorés et tableaux impressionnistes. Signe des temps, la gracile silhouette du coquelicot est aujourd’hui convoquée de façon récurrente dans les images voulant évoquer la biodiversité. Aujourd’hui le constat est fait de la menace de disparition qui pèse sur certaines de ces compagnes des moissons : si le coquelicot commun et le bleuet se portent encore bien, d’autres comme la nielle des blés, l’adonis ou l’aspérule des champs sont devenues rares.»